Ne pas reporter les projets de construction aux calendes grecques

Le «plan en cinq points visant à maîtriser la crise du coronavirus» lancé par la SSE et Infra Suisse a reçu un large écho favorable.

Lors de la mise à l’enquête du projet, il n’y a eu aucun recours. Selon la direction des constructions, le Conseil municipal aurait dû approuver le projet à la mi-mars. Cependant, le Conseil ne s’est pas réuni pendant le confinement, même s’il aurait pu le faire en ligne grâce à des outils comme Skype, Teams ou Zoom. Par conséquent, le projet n’a pas avancé. L’entrepreneur responsable du projet, qui souhaite garder l’anonymat pour des raisons évidentes, ne s’attendait pas à ce retard et avait déjà planifié les premiers travaux. En outre, les mesures de lutte contre le coronavirus nécessitent une planification précise. Ce n’est pourtant pas la seule raison du mécontentement du patron. «Depuis le confinement, les offices communaux sont à l'arrêt», ajoute-t-il. La réalisation de projets de construction est inutilement retardée.

La SSE et Infra Suisse ont reconnu le problème. Les deux associations ont élaboré un«plan en cinq points visant à maîtriser la crise du coronavirus». «La sortie de la crise économique passe donc, pour la construction, non par des programmes d’impulsions ou de sauvetage coûteux et développant leurs effets a posteriori mais par une nette accélération et intensification de travaux de toute façon nécessaires pour la modernisation du parc immobilier et l’entretien de nos infrastructures», écrit la SSE.

Son engagement a suscité des réactions positives. Comme le souligne Olivier Imboden, membre du conseil d'administration et président de la direction de la société Ulrich Imboden AG: «On aurait tort de penser que l’on a surmonté la crise dès que le virus semble être endigué. Le secteur de la construction devra encore longtemps vivre avec les conséquences de la crise, de manière retardée. En effet, les commandes d'aujourd'hui ont toutes été placées avant la crise du coronavirus. Sur le plan économique, notamment dans le tourisme, les acteurs hésitent. À cet égard, l'État doit attribuer des contrats d'infrastructure de manière proactive et à court terme, et surtout simplifier et accélérer considérablement les processus d'octroi des permis de construire sur le plan cantonal. Il n'est pas rare que les entrepreneurs attendent huit mois, voire plus, avant d’obtenir un permis de construire. Il ne faut surtout pas pénaliser ceux qui souhaitent investir par des nouveaux processus fastidieux.»

Eric Biesel, Secrétaire général de la SSE Genève, souligne : « le canton de Genève a été particulièrement touché par la crise, de même que la Suisse romande en général. Or rien que dans l’arc lémanique, d’énormes réserves de travail déjà budgetisées et financées existent. Les Cantons, les communes et les régies publiques peuvent donc agir très proactivement et directement sur une reprise en accélérant les procédures pour permettre à ces projets de démarrer rapidement et ainsi, préserver de très nombreux emplois dans la construction. »

Nicola Bagnovini, directeur de la section tessinoise de la SSE, abonde: «Les entreprises de construction du Tessin sont fortement touchées par la situation liée au coronavirus. Pendant quatre semaines, elles n'ont pas pu poursuivre les travaux, et les deux semaines suivantes avec des restrictions. Plusieurs bureaux spécialisés cantonaux et municipaux ont été fermés. Au nom de toutes les entreprises de construction du Tessin, je peux dire que nous soutenons pleinement le plan en cinq points de la SSE. Le secteur de la construction, qui est un pilier important de l'économie, doit pouvoir réaliser rapidement des projets de construction, compte tenu notamment des dispositions actuelles et des coûts plus élevés des contrats existants. Cette approche permet de surmonter la crise à l’échelle nationale.»

Saverio Garofano, responsable du service du personnel de Camandona SA précise quant à lui: « Il n’est nul besoin de résumer l’importance du « plan en 5 points » pour notre entreprise, car tout est dit dans les points 2 et 5 du plan. Par contre, en tant que Responsable du personnel, soucieux du bon respect des lois et du bon fonctionnement de nos équipes qui travaillent sur les chantiers, je pense qu’il serait peut-être judicieux d’ajouter un 6è point dans lequel on inciterait « les Services cantonaux des Etrangers » à délivrer les autorisations frontalières (UE/AELE) de type « G », ainsi que les autorisations de courte durée (UE/AELE) de type « L », ainsi qu’à « accélérer » les procédures de délivrance de ces autorisations. Ceci afin de pouvoir disposer de personnel étranger compétent dans le domaine de la construction, personnel qui fait défaut sur le territoire suisse. Ceci à l’image du Canton du Valais qui a décidé de continuer à délivrer ces fameuses autorisation « G » et « L », alors que le Canton de Vaud (qui nous concerne directement) ne les délivre plus depuis la fameuse circulaire du 24.03.2020 de la Confédération, respectivement du DFJP.

Enfin, Hans-Ulrich Bigler, directeur de l’Union suisse des arts et métiers, rappelle: «Les maîtres d’ouvrage publics peuvent apporter une contribution importante pour atténuer les effets de la récession en faisant preuve d’efficacité et de rapidité dans les procédures d’octroi de permis de construire et de soumission ou encore dans la planification et la mise en œuvre de projets de construction.»

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Schweizerischer Baumeisterverband

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